Apprends à connaître la terre

Extrait de « Barone Blixen » de Dominique de Saint Pern.

« Dans la vie, le plus important est de savoir observer la nature. Apprends à connaître la terre, les forêts et toutes les sortes d’animaux qui la peuplent ; tu verras, ils te donneront la clé magique pour comprendre les hommes mais aussi tout ce qui, à première vue, te paraîtra inutile ou artificiel. J’ai traversé des périodes épouvantables, au point d’en perdre la raison. À chaque fois, la terre m’a apporté le réconfort dont j’avais besoin. Tu verras… »

Corps, Culture et Nature

Extrait de « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estés.

« L’angoisse à l’égard du corps prive en grande partie la femme de sa vie créatrice et détourne son attention d’autres choses.
Cet encouragement à tailler dans son corps ressemble étrangement à la façon dont on taille dans la chair de la terre elle-même, dont on la brûle et on l’écorche, mettant ses os à nu. La blessure de la psyché et du corps des femmes a son pendant au sein de la culture et en fin de compte au sein de la Nature elle-même. Une véritable psychologie holistique considère que tous les mondes ne constituent pas des entités séparées, mais sont interdépendants. Il n’est pas étonnant que, dans notre contexte culturel, le problème soit le même pour la femme, le paysage et la culture, dans laquelle on taille au nom de ce qui est à la mode. Les femmes ne pourront certes pas empêcher du jour au lendemain la dissection de la culture et des terres, mais elles peuvent cesser de le faire sur leur propre corps.
La nature sauvage ne cautionnera jamais la torture du corps, de la culture ou de la terre. Elle n’acceptera jamais qu’on martyrise la forme pour prouver qu’on vaut quelque chose, qu’on « maîtrise » les choses, qu’on a du caractère, qu’on est plus agréable à regarder, qu’on a une valeur financière accrue.
Les femmes ne pourront faire prendre conscience de tout cela à leur environnement culturel en lui disant simplement : « Change. » Mais elles peuvent changer leur attitude à l’égard d’elles-mêmes, ce qui désamorcera les projections destinées à les dévaluer. Pour cela, il leur faut se réapproprier leur corps. En ne renonçant pas à la joie de leur corps naturel, en ne souscrivant pas à l’illusion courante que le bonheur ne vient qu’à celles qui ont un âge donné et une conformation donnée, en n’attendant pas avant d’accomplir ce qui doit être fait, en se réappropriant leur vraie vie et en la vivant à plein et sans frein. C’est cette façon de s’accepter, cette estime de soi qui commencent à faire changer les attitudes au sein de la culture. »

Les Efforts de Transformation

Extrait de « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estés.

« Au Japon, le remarquable prince-philosophe Shotoku Taishi, qui vécut au tournant du VIème siècle, enseignait, entre autres choses, que chacun doit accomplir un travail psychique dans le monde extérieur comme dans le monde intérieur. Il enseignait aussi et surtout la tolérance envers chaque être humain, chaque animal, et chaque émotion. Admettre que toute émotion a son prix est sans aucun doute une façon de se respecter soi-même.
On peut considérer que les émotions, mêmes brutes, même désordonnées, sont une forme de lumière, bourrée d’énergie. Il est possible d’utiliser la lumière de la fureur de manière positive, pour voir dans des endroits qui nous échappent habituellement. (…)
Toute émotion, la fureur y compris, véhicule une connaissance, une perspicacité, que certains appellent l’illumination. Notre rage peut, un certain temps, devenir un professeur… un élément dont il ne faut pas se débarrasser trop vite, mais qui va servir à escalader la montagne, que l’on va personnifier, par le biais de différentes images, afin d’en recevoir des leçons, de la gérer à l’intérieur, puis de la transformer en quelque chose d’utile pour le monde ou de la rendre à la poussière. Dans une existence cohésive, la rage n’est pas un élément isolé. C’est une substance qui attend nos efforts de transformation. »

 

Les Lois

Extrait de « Pieds nus sur la terre sacrée » (Textes rassemblés par T.C. McLUHAN)

« Nous avions décidé d’être amis avec eux, en dépit des changements qu’ils amenaient. Mais cela s’est avéré difficile parce qu’ils promettaient une chose trop souvent et qu’au moment d’agir ils en faisaient une autre. Ils annonçaient bien haut que leurs lois étaient faites pour tout le monde, mais il fut tout de suite clair que, tout en espérant nous les faire adopter, ils ne se gênaient pas pour les briser eux-mêmes. (…) Nous n’avons jamais pu comprendre l’homme blanc ; il ne trompe personne d’autre que lui-même. »

Plenty Coups (Aleek-Chea-Ahoosh) (1848-1932)
Amérindien, Chef des Mountain Crows

Les Arbres

Extrait de « Pieds nus sur la terre sacrée » (Textes rassemblés par T.C. McLUHAN)

« Saviez-vous que les arbres parlent ? Ils le font pourtant ! Ils se parlent entre eux et ils vous parleront si vous écoutez. L’ennui avec les Blancs, c’est qu’ils n’écoutent pas ! Ils n’ont jamais écouté les Indiens, aussi je suppose qu’ils n’écouteront pas les autres voix de la nature. »

Tatanga Mani (ou Walking Buffalo), Amérindien Stoney (1871-1967)

 

Banyan Tree

Extrait de la conférence « SOIL, SOUL, SOCIETY » avec Satish Kumar.

« We have to leave our arrogance and embrace the mystery of the nature. »

L’une des plus petites graines que l’on puisse trouver en Inde est la graine du Banyan Tree qui est, quant à lui, l’un des plus beaux et grands arbres.
Une seule minuscule graine devient tout un arbre, qui va produire à son tour des centaines de fruits contenant eux-mêmes des milliers de graines.
Il y a là quelque chose de miraculeux.
Il nous faut quitter notre arrogance et embrasser le mystère de la nature.

La Terre est féminine

Claude Bourguignon dans « Solutions locales pour un désordre global » réalisé par Coline Serreau.

« La terre finalement elle est généreuse, parce qu’elle accepte de revivre malgré tout ce qu’on lui fait subir (…) les produits chimiques qu’on met dans la terre ça tue tout ça (…) y’en a même qui pensent que c’est des parasites, que ça amène des maladies, que tout ça c’est forcément dangereux, c’est suspect. La terre est féminine, ça c’est sûr qu’elle est féminine et c’est très compliqué d’accepter qu’elle soit aussi vivante et aussi fertile. »

Les Destinées inconnues

Extrait de « Partir » de Issa Makhlouf.

« On part pour s’éloigner du lieu qui nous a vu naître et voir l’autre versant du matin. On part à la recherche de nos naissances improbables. Pour compléter nos alphabets. Pour charger l’adieu de promesses. Pour aller aussi loin que l’horizon, déchirant nos destins, éparpillant leurs pages avant de tomber, quelquefois, sur notre propre histoire dans d’autres livres.
On part vers des destinées inconnues. Pour dire à ceux que nous avons croisés que nous reviendrons vers eux et que nous referons connaissance. On part pour apprendre la langue des arbres qui, eux, ne partent guère. Pour lustrer le tintement des cloches dans les vallées saintes. À la recherche de dieux plus miséricordieux. Pour retirer aux étrangers le masque de l’exil. Pour confier aux passants que nous sommes, nous aussi, des passants, et que notre séjour est éphémère dans la mémoire et dans l’oubli. Loin des mères qui allument les cierges et réduisent la couche du temps à chaque fois qu’elles lèvent les mains vers le ciel.
(…) On part dans la distraction de vies gaspillées d’avance. On part pour annoncer à ceux que nous aimons que nous aimons toujours, que notre émerveillement est plus fort que la distance et que les exils sont aussi doux et frais que les patries. On part pour que, de retour chez nous un jour, nous nous rendions compte que nous sommes des exilés de nature, partout où nous sommes.
On part pour abolir la nuance entre air et air, eau et eau, ciel et enfer. Riant du temps, nous contemplons désormais l’immensité. Devant nous, comme des enfants dissipés, les vagues sautillent pendant que la mer file entre deux bateaux. (…) »