J’aperçois au lever les rayons du soleil s’étirer dans la maison.
Il n’est pas encore huit heures, je sors marcher dans la fraîcheur.
J’envoie des pensées de gratitude à voix haute pour ce voyage qui m’a donné à ressentir tant de bonheur et qui s’achève dans deux jours.
Mon projet est de photographier les prés, le vert, le plat, les étendues.
Mais ce matin-là, c’est un épais brouillard qui s’offre à moi.
Je photographie.
Le brouillard, le soleil tout en grosseur derrière la brume, les vaches qui me regardent de là-haut, sur leur colline.
Les champs ont des airs mystérieux.
Les barrières barbelées se détachent avec délicatesse et rude poésie.
C’est soudain.
Je pense à Louis.
Cet arrière-grand-père que je n’ai pas connu.
« Tiré comme un lapin » dans un champ – devenu de bataille – pendant la guerre de 40.
Resté là, son corps, étendu, mort, six mois, avant d’être retrouvé.
J’arrive sur la route goudronnée.
Les pylônes électriques se tiennent droit debout dans le flou.
Le ciel, pour embrasser la terre, semble s’être tendrement déposé tout bas, à genoux.